Philosophie d’une agence

L’architecture n’est pas une abstraction, elle ne peut être détachée des lieux, des temporalités et des gens, elle est tissage et fabrique une texture. Par aménité, elle doit réussir, à recouvrir un rôle social, à réinstituer des relations spatiales entre des lieux qui ne se côtoient pas toujours pour mettre en forme une urbanité qui soit généreuse et durable sans être immuable.

Le projet d’architecture revêt de multiples facettes, se construit et se façonne par l’expérience que nous faisons des choses, commence toujours par des rencontres. Il est fondé - de la première parole avec le commanditaire à sa réalisation - sur l’échange, l’interaction, la réciprocité, en laissant place aussi au compromis et parfois à la confrontation. Il est un processus fragile, mouvant et complexe, sans cesse renouvelé, où le savoir et l’intuition, l’ordre et le désordre sont convoqués, pour lequel il faut trouver un langage commun. Le projet d’architecture doit préserver des possibilités de mondes multiples, colorés et changeants ; être le support et le réservoir de potentiels d’avenir et d’espoir, de poésies pour les vies singulières et diverses qui y séjournent.

Construire est un art de l’assemblage qui permet de produire un tout à partir d’éléments hétéroclites. Cette hétérogénéité est également à l’image du quotidien de notre agence qui oscille entre des mondes entremêlés. Nos préoccupations d’architectes praticiens, ce qui fait sens pour nous aujourd’hui dans nos démarches architecturales, urbaines, paysagères et artistiques, ont été regroupées autour de huit récits :

Les formes de l’existant / Les territoires de l’habiter / Les interstices de l’architecture / Le sens de la matérialité / L’invention des paysages / Le temps du chantier / L’expressivité des projets / Le langage d’une architecture qui relie /

Ces textes au présent racontent nos expériences, nos perceptions du monde, comment les choses qui nous entourent et qui nous touchent rejaillissent sur nos manières de faire projet.

Ils rendent compte de nos pratiques projectuelles qui, à leurs manières, participent à la fabrique d’une pensée acceptant la complexité des lieux et milieux dans lesquels nous vivons, en tentant d’éviter l’écueil d’une vision simplificatrice du monde qui conduirait à la normalisation des espaces, des idées, des pratiques.

Ils renvoient pour chacun d’entre eux à plusieurs projets de l’agence. Ces aspirations couchées sur le papier prennent ici une forme concrète et matérielle, fabricant peu à peu le terreau de nos expériences partagées et à venir.

« La pensée naît d’évènements de l’expérience vécue et elle doit leur demeurer liée comme aux seuls guides propres à l’orienter ». H. Arendt